Cet argument ne me va pas đ
"Si je n'ai pas de demande en protections périodiques, c'est que personne n'en a besoin, non ?"
Hello !
Comment vas-tu ?
Bienvenue dans cette nouvelle Ă©dition de la newsletter qui bouscule les rĂšgles. La derniĂšre Ă©dition date du 22 mars, ce qui fait quand mĂȘme un petit moment đł
Je me suis dit quâil Ă©tait temps de reprendre nos sujets prĂ©fĂ©rĂ©s đ€©
Cette semaine, jâai envie de revenir sur une remarque que jâentends souvent : pas de besoin de protections pĂ©riodiques en entreprise, puisque personne ne les demande.
Jâai dĂ©jĂ eu plusieurs Ă©changes qui se sont terminĂ©s sur ânous nâavons pas de besoin sur ce genre de produits, nos collaboratrices ne nous le demande pasâ.
Je tâexplique pourquoi cet argument ne me va pas đđŒ
Bonne lecture đ€©
Ce raisonnement est Ă contre-sens đ
đ»ââïž
Quand on y pense, cet argument nâa pas de sens. Ce nâest pas parce que les collaboratrices ne demandent pas des protections pĂ©riodiques quâelles nâen ont pas besoin, ou quâon doit partir du principe quâelles se dĂ©brouillent.
Toutes personnes menstruĂ©es Ă besoin de protections pĂ©riodiques. Le dĂ©bat nâest pas vraiment lĂ , du moment oĂč on souhaite Ă©viter une tĂąche, on se protĂšge, point.
Par contre, dire quâelles se dĂ©brouillent, câest prendre le problĂšme Ă lâenvers đ€·đŒââïž
Lâentreprise a un devoir de fournir Ă ses salariĂ©s des services pour crĂ©er un environnement de travail agrĂ©able et propice au bon dĂ©roulement de tes missions.
Si demain ton entreprise ne te fournit ni eau, ni papier toilette, ni chauffage en hiver, tu penseras certainement que câest le pire endroit sur terre đ„¶
Il faut absolument que le mĂȘme raisonnement se mettent en place pour les protections pĂ©riodiques.
Les rĂšgles, câest physiologique. On ne peut ni les arrĂȘter lorsquâon passe la porte de lâentreprise, ni dĂ©cider de ne pas se protĂ©ger et tĂącher le mobilier de lâentreprise.
Le besoin existe, câest un fait. Mais pourquoi on en parle seulement maintenant, ça câest une autre histoire.
Les rĂšgles câest tabou đ€«
Je sais, je ne tâapprends rien. Mais le fait quâon ne trouve pas de protections pĂ©riodiques dans les entreprises vient dâun double problĂšme :
Lâentreprise historiquement est un monde créé pour les hommes, oĂč nâĂ©volue que des hommes. Pas de rĂšgles Ă prendre en compte, puisquâils ne sont quâentre eux
Les femmes ont du sâadapter au monde du travail, et non lâinverse. Et comme le corps de la femme est entourĂ© de tabous sur Ă peu prĂšs tout ce qui le concerne (les rĂšgles, la maternitĂ©, la mĂ©nopauseâŠ) il Ă©tait Ă©vident que ce sujet ne serait pas abordĂ©.
Souvent, lorsque les entreprises utilisent cet argument, il est suivi dâun : âles rĂšgles câest intime, je nâai pas Ă me mĂȘler de la vie privĂ©e de mes salariĂ©esâ. đđ»ââïž
Soit.
Seulement mettre des paniers de fruits bio en libre service ou avoir un distributeur de barres chocolatĂ©es, câest une intrusion dans la vie privĂ©e de vos salariĂ©s.
De mĂȘme que leur offrir une gourde pour rĂ©duire lâusage du plastique. đ
Et ce nâest pas une mauvaise chose.
Le vrai problĂšme nâest pas que le sujet est intime, câest que le sujet est tabou. Et quâen parler implique bien plus que de mettre un distributeur dans les toilettes. Lorsquâon nâest pas Ă lâaise avec lâidĂ©e de proposer ce service Ă ses collaboratrices, alors on cherche la validation auprĂšs dâun maximum de personnes đ€·đŒââïž
Mais rĂ©pond moi franchement : demain ton ou ta boss te demande si tu veux des protections pĂ©riodiques en libre service dans lâentreprise, Ă quel point te sentirais-tu Ă lâaise de lui dire oui ? đ€
Cet argument oublie le monde dans lequel on vit đ«Ł
Partir du principe que âsi mes salariĂ©es en avaient eu besoin, elles mâauraient demandĂ©â, câest une rĂ©flexion de privilĂ©giĂ©s. Câest complĂštement occulter le monde (patriarcal) dans lequel on vit.
Les femmes sont éduquées depuis leur plus tendre enfance à ne pas faire de vagues, à ne pas contrarier, à ne pas revendiquer, et à ne pas faire de bruit.
Et quand elles osent parler ou demander des choses, elles ne sont pas Ă©coutĂ©es, ou sont dĂ©crĂ©dibilisĂ©es đł
Câest beaucoup trop facile de partir du principe que les salariĂ©es ânâont quâĂ demanderâ.
Si câĂ©tait le cas, il nây aurait plus de problĂšmes dâĂ©cart de salaires, les femmes oseraient demander toutes les promotions quâelles mĂ©ritent, oseraient reporter des cas de harcĂšlements quâelles subissent ou dĂ©noncer leurs bourreaux.
Le problĂšme nâest pas quâil nây a pas de besoin puisquâil nây a pas de demande.
Le problĂšme câest que le monde dans lequel on vit rend trĂšs difficile la demande.
La vraie raison de mettre en place des distributeurs de protections pĂ©riodiques en entreprise câest pour transformer lâentreprise en un lieu aussi accueillant pour les femmes quâil ne lâest pour les hommes.
Câest la seule donnĂ©e qui doit ĂȘtre prise en compte đ